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  • Les cinq mauvais choix d’un hygiéniste dentaire

Par Dee Humphrey, RDH, baccalauréat en sciences de la santé (BHSc)

Il est bien connu que le travail d’un hygiéniste dentaire est ardu et qu’il a le potentiel de causer des blessures musculosquelettiques sérieuses, mais cela ne nous arrête pas d’offrir des services de traitement. Je suis une jeune hygiéniste dentaire et j’ai obtenu mon diplôme il y a plus de 6 ans. Maintenant, ma carrière clinique ne tient que par un fil (littéralement). En plus d’une blessure antérieure mineure à mon cou et au bas de mon dos, la pratique clinique de l’hygiène dentaire combinée à quelques mauvais choix sont devenus les facteurs destructeurs de carrière suprêmes. Avec des connaissances limitées de l’ergonomie, de la technologie et de l’équipement spécialisé servant à prolonger ma carrière, je me suis lancée dans le « monde de l’hygiène dentaire » telle une superhéroïne prête à sauver le monde une bouche à la fois. Ma mentalité était de payer mes factures, de ne pas me soucier de ma santé ou des maux de mon corps et de gagner ma vie sans prendre soin de moi-même ou de ma carrière. En fait, qui a réellement les moyens d’acheter ces lunettes de rapprochement équipées d’une petite lumière sophistiquée? Ou même ce fauteuil ergonomique de luxe qui aide à mieux soutenir le cou et le dos? Et on ne parlera même pas de ces instruments de haute qualité qui restent aiguisés plus longtemps; le dentiste préfère dépenser son argent ailleurs. Assurance responsabilité? Peu importe… Je ne me blesserai pas. Pourquoi pas dépenser mon argent sur de petits sacs à main stylisés que je pourrai emmener en vacances dans des lieux exotiques et dispendieux et dont je pourrai réellement profiter? Même si ce n’est pas la mentalité de tous, plusieurs cliniciens ont tendance à penser de cette façon, spécialement les nouveaux hygiénistes dentaires. Pourquoi choisissons-nous délibérément de faire de mauvais choix qui affectent nos carrières et notre moyen de subsistance? L’hygiéniste dentaire moyen n’investit pas dans la prolongation de sa carrière et continue de travailler en souffrant inutilement. Il est important de comprendre que nos choix affectent plus qu’un seul aspect de nos vies et qu’ils changent notre futur, pour le meilleur ou pour le pire.

Après avoir obtenu mon diplôme de l’école de l’hygiène dentaire, j’avais très hâte de me trouver un emploi et d’acquérir de l’expérience. J’étais tellement impatiente de commencer et bien disposée à travailler n’importe où. Alors, j’ai accepté la première offre que j’ai reçue et j’ai travaillé pour une clinique dentaire communautaire, du lundi au vendredi, huit heures par jour. Cet emploi semblait être l’emploi de rêve pour une nouvelle diplômée comme moi. Étant dans le domaine de la santé publique, je n’avais pas à modifier les traitements à cause du financement limité, et il y avait un accès illimité au débridement et au détartrage et surfaçage radiculaire de la cavité buccale entière, tous les jours. J’ai absorbé toutes les expériences possibles et appris beaucoup sur le secteur de la santé publique, les maladies et les pathologies buccales et la façon d’enlever le tartre rapidement, mais habilement. J’ai oublié l’idée de prendre du temps pour moi et j’étirais occasionnellement mes mains et mes poignets pour compenser les maux que je ressentais. Premier mauvais choix : ne pas prévenir les facteurs de risque associés à des blessures et de compromettre la santé globale du corps en ne prenant pas le temps de soulager la fatigue musculaire.

Après quelques années, j’ai commencé à remarquer que mon cou, mon bras gauche et le bas de mon dos me causaient de l’inconfort, mais je pensais que cela faisait partie du travail! Tant que j’avais un appareil Cavitron et des instruments décents (vieux de 3 à 5 ans), je contrôlais parfaitement la situation. Du moins, c’est ce que je pensais. Je portais des lunettes de rapprochement sans lumière et je savais que je pouvais faire mieux au niveau de l’ergonomie, mais je mettais la faute sur le fauteuil dentaire, vieux de 15 ans, duquel je glissais continuellement. Ma main dominante servait à enlever le tartre comme toujours, mais celle qui tenait le miroir avait quelques problèmes. J’échappais parfois des objets sur le plancher, mais je n’en faisais pas de cas et continuais comme si de rien était. Après tout, notre travail est très répétitif! Chaque fois que je m’étirais pour attraper un outil sur la table de dentiste, la sensation de brûlure que je ressentais était un indicateur constant que ma carrière commençait à prendre le dessus sur moi. Cependant, aussi longtemps que je continuais à faire des étirements et des exercices ergonomiques religieusement, je pensais que je n’avais pas à m’inquiéter. Je n’avais pas réellement le temps de consulter un médecin et je ne pensais pas que c’était un problème inquiétant. Après plusieurs mois de « picotements au niveau du cou » qui descendaient vers mon bras gauche, jusqu’au bout de mes doigts, j’ai commencé à réaliser que l’utilisation de sachets réfrigérants, d’un neurostimulateur transcutané ou d’étirements pour mes mains, mes épaules et mes bras ne soulageaient plus les symptômes. J’ai pu contrôler les maux de tête de stress terribles et la fatigue musculaire chronique dans le haut et le bas du dos grâce à de l’ibuprofène, mais ils ont continué de s’aggraver sans que je puisse rien n’y faire.

Compromettre notre propre santé par ignorance ou par manque de fonds est le meilleur moyen d’écourter une carrière. Il est important de connaître nos limites et d’écouter notre corps lorsque nous avons mal afin de prévenir et de traiter adéquatement. Ignorer les symptômes annonciateurs naturels de notre corps ne peut que causer de problèmes futurs. Ce n’est que lorsqu’on m’a diagnostiqué une radiculopathie cervicale et deux hernies discales localisées dans la région lombaire, qui ont nécessité une chirurgie dans les régions C5-C6 et L4-L5, que j’ai réalisé à quel point je nuisais à ma santé et aux intérêts de mes clients. Puisque j’avais continuellement mal, est-ce que je faisais réellement tout en mon pouvoir pour prendre soin d’eux? La réponse était le deuxième mauvais choix : incapacité de réduire le potentiel de surmenage et ignorer les résultats d’une blessure, causant ainsi des dommages musculosquelettiques importants.

J’ai continué de faire de la recherche et de m’éduquer sur ce que je pouvais faire pour changer cette dynamique et j’ai appris que la bonne planification des traitements, la gestion du temps et le temps pour soi étaient des facteurs déterminants de la réussite d’une carrière. Après deux chirurgies, il a été nécessaire d’instaurer plusieurs changements; j’ai donc fait des recherches exhaustives sur l’équipement. Lors de mon retour à la pratique clinique de l’hygiène dentaire, j’ai commencé à utiliser des lunettes de rapprochement équipées d’une lumière. Puis, on m’a encouragé à filmer combien de fois je levais mes bras pendant un rendez-vous d’une heure, en utilisant des lunettes sans lumière et celles avec lumière. À ma grande surprise, dans les 2 premières minutes du vidéo (lorsqu’il n’y avait pas de lumière fixée à mes lunettes), j’ai levé le bras plus de 13 fois pour me battre avec la coupole d’éclairage. Grâce à mon neurologue, j’ai appris que lever mon bras autant dans une journée de travail de 8 heures causerait des problèmes musculosquelettiques. Des mois d’utilisation de lunettes de rapprochement avec lumière ont grandement réduit la fatigue et le stress musculaires que je ressentais. J’ai été étonnée de ces résultats et je ne peux pas m’imaginer les dommages faits à ces hygiénistes dentaires qui choisissent de ne pas utiliser de lumière ou même d’acheter de loupes.

Ma prochaine étape a été d’examiner mes instruments, vieux de 2 ou 3 ans, qui avaient été commandés pour moi par un autre hygiéniste dentaire. Nous nous sommes demandé pourquoi nous avions choisi cette marque et si ces instruments étaient les meilleurs pour nous en matière d’ergonomie. Les réponses étaient « C’est ce que j’ai toujours utilisé, » et « Pourquoi utiliser quelque chose de différent? Ils sont tous pareil. » Cela m’a forcé à effectuer des recherches et à communiquer avec des représentants locaux pour en apprendre davantage. Après avoir discuté avec un représentant, on m’a donné un nouvel instrument de marque commerciale (en acier inoxydable), puis j’ai acheté un autre instrument qu’il estimait moins efficace. On m’a demandé de les utiliser et de comparer mes résultats par rapport à quel instrument était le plus avantageux pour mon patient et pour moi. Les résultats d’un mois d’utilisation m’ont complètement dégoûté. Pendant les 5 dernières années, j’ai utilisé plusieurs instruments en acier inoxydable (des nouveaux et des plus vieux) et j’ai continué à ressentir de la fatigue et de la tension musculaire, comme auparavant. Lorsque j’ai changé pour d’autres instruments faits d’un autre type de métal, le nitrure de titane, j’ai tout de suite ressenti une différence, tout comme mes patients. Le son était différent et je n’ai pas ressenti de la fatigue dans ma main ou de la douleur dans mes membres supérieures. Lorsque j’ai parlé de ces résultats au représentant local, on m’a dit que je faisais erreur par rapport à quels instruments étaient meilleurs et que je devais continuer à utiliser les mêmes instruments en acier inoxydable pour mieux enlever le tartre. Je me suis demandé si j’aurais eu les problèmes musculosquelettiques que j’avais désormais si j’avais fait ce changement plus tôt. Quatrième mauvais choix : ne pas avoir peur d’essayer quelque chose de nouveau et de s’éduquer sur les produits offerts, sans se soucier de ce que les autres utilisent ou de ce qu’ils en disent. Tous les clients sont différents, de même que tous les hygiénistes dentaires. Ce qui fonctionne pour l’un ne fonctionne pas nécessairement pour l’autre.

L’évaluation des outils dentaires ultrasoniques et prophylactiques était ma prochaine priorité, puisqu’ils sont tous deux nécessaires à mon travail. J’ai appris à l’école et par le biais de plusieurs cours de formation continue que l’utilisation d’un outil dentaire ultrasonique au diamètre plus large aide à soulager la fatigue de la main et que les outils prophylactiques sans fil éliminent la tension dans le poignet, mais j’avais trop peur de demander un meilleur équipement. Ainsi, j’ai travaillé pendant des années avec des crampes dans les mains seulement parce que j’avais trop peur. Des années plus tard, j’ai eu le courage de demander un outil dentaire sans fil et une machine ultrasonique différente, que j’ai finalement obtenus. Il se trouve que l’équipement que j’utilisais était vieux de plus de 10 ans et qu’ils attendaient que je dise quelque chose. J’ai immédiatement remarqué que je ne me battais plus contre le fil, que je ne ressentais plus de tension dans le poignet et que je n’avais plus de crampes dans les mains à force de tenir l’outil d’un plus petit diamètre. Pourquoi n’ai-je pas fait cela des années plus tôt? Cela a été une libération instantanée pour mon poignet et m’a été utile en matière d’ergonomie pour mon expertise. Cinquième mauvais choix : ne pas avoir peur de demander d’avoir un meilleur équipement et travailler pendant des années dans la douleur. Tout ce qu’ils peuvent dire c’est « non » ou « pas maintenant ».

Ces résultats, et bien d’autres ont changé dramatiquement la façon dont je travaillais, et l’expérimentation pour faire de meilleurs choix continue (évaluations du fauteuil dentaire, de l’appareil Cavitron et des outils prophylactiques ont aussi été prises en compte). Ce que j’ai appris n’a pas de prix, mais c’était peut-être trop tard pour ma carrière clinique. Choisir délibérément de ne pas investir dans mon bien-être (que le dentiste puisse se le permettre ou non) est devenu le facteur destructeur de carrière suprême. J’aurais pu acheter les choses dont j’avais besoin si ma carrière en dépendait, et c’était le cas. Réduire les facteurs de risque pour la santé globale du corps devrait être la ressource la plus importante dans la vie d’un hygiéniste dentaire, et il doit y avoir plus de sensibilisation sur comment prolonger votre carrière. J’encourage tous les hygiénistes dentaires, jeunes ou non, d’arrêter de faire de mauvais choix et d’arrêter de travailler en souffrant inutilement. Éduquez-vous et prenez l’ergonomie au sérieux. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’un choix affecte de manière négative votre futur. Premier bon choix : Sensibiler les hygiénistes dentaires sur l’importance de l’ergonomie lors de recherches sur les produits et sur la gestion du cabinet, afin prolonger leur carrière.

Dee Humphrey

Dee Humphrey, RDH, baccalauréat en sciences de la santé (BHSc), captive les foules grâce à son rire contagieux et sa passion enthousiaste pour l’hygiène dentaire. Elle travaille comme hygiéniste dentaire clinique et spécialiste de la prévention dans une clinique dentaire communautaire de tribu depuis 2010, dans le nord-est de l’Oklahoma, et a respectueusement acquis des connaissances utiles sur la santé publique. Dee est une auteure, une conférencière et une personne d’influence qui inspire et motive les gens à poser des gestes et à avoir confiance. Dee fait partie du conseil d’administration du National Cancer Network, du Conseil du sourire Crest et Oral-B en plus d’être formatrice pour la « Delaware Community Cooperation Partnership », en Oklahoma.